BitcoinFinances

L’État pourrait-il stopper Bitcoin ? (Partie 1)

L’État moderne tient sur trois piliers essentiels : la capacité d’émettre la monnaie (et les titres de dettes), la capacité de légiférer et finalement, la capacité de faire respecter la loi via l’utilisation légale de la force.

Un des propositions de valeur principale de Bitcoin réside dans le fait d’être une réserve de valeur limitée en nombre, déflationniste, et dont l’orientation et l’émission ne peuvent être controlées politiquement. Bref, tout le contraire du système monétaire moderne. La monnaie fiduciaire (Fiat) est un concept assez récent dans l’histoire humaine. Après tout, la réserve fédérale américaine n’a été fondée qu’en 1913. Les fondements économiques de Bitcoin s’insèrent dans la ligne de pensée de l’école Autrichienne qui préconise, entre autre, à limiter le contrôle politique de la monnaie. Les grands de cette école de pensée ont toujours favorisé l’utilisation d’une ressource rare (comme l’or) au détriment de la monnaie fiduciaire émise par les états. Carl Menger, reconnu comme l’un des pères fondateurs de cette école ainsi que de la théorie de la valeur d’utilité marginale, disait : 

 «L’argent n’est pas une invention de l’état. Ce n’est pas le produit d’un acte législatif. Même la sanction de l’autorité politique n’est pas nécessaire à son existence. Certaines marchandises sont devenues de l’argent tout naturellement, à la suite de relations économiques indépendantes du pouvoir de l’État.» – Carl Menger, Principles of Economics, 1871

Nul doute qu’une technologie neutre, décentralisée et distribuée comme Bitcoin qui permet d’échanger librement entres individus sans passer par le système monétaire traditionnel est une menace directe à l’un des piliers de l’état moderne. La vidéo suivante par l’École de la Liberté explique bien ce fait.

 

Stopper Bitcoin? Pas si simple…

Une question que j’entends souvent est «Comment l’État pourrait-il stopper Bitcoin» ?

Premièrement, il faut définir comment l’État s’y prendrait pour stopper Bitcoin. Il existe plusieurs vecteurs d’attaque potentiels sur Bitcoin :

  1. L’aspect cryptographique
  2. Le réseau Bitcoin
  3. La couche du consensus Bitcoin
  4. Législation

1. Percer la cryptographie de Bitcoin

Il ne se passe pas une semaine sans qu’un média annonce que Bitcoin a été «piraté». Mais est-ce vraiment le cas? La plupart des actes de piratage impliquant Bitcoin comme MtGox en 2014 et Bitfinex en 2016 l’ont été via des procédures visant les différents systèmes périphériques des échanges (ex: serveurs Web, hot wallet, etc.) et non en brisant directement la cryptographie.

La cryptographie de Bitcoin n’a rien d’exotique, elle est basée sur la technologie d’encryption asymétrique ou architecture à clé publique. Cette technologie est également utilisée dans la plupart des logiciels Internet pour sécuriser les échanges sur un site Web ou pour encrypter vos communications courriel. On peut donc déduire que si la cryptographie de Bitcoin était percée, ce serait le dernier de nos soucis puisqu’une bonne partie de l’Internet commercial serait désormais vulnérable.

Aperçu de la cryptographie appliquée à une transaction Bitcoin

La cryptographie moderne est-elle sécuritaire?

Nous avons tendance à croire que n’importe quel système peut être piraté. Les scènes de film où un pirate informatique «crack» un mot de passe en quelques secondes abondent. Cependant, c’est loin d’être le cas dans la réalité. Les standards cryptographiques modernes sont considérés comme sécuritaires par la communauté académique internationale. C’est-à-dire qu’une information encryptée à une puissance de chiffrement de 256 bits ne peut être décryptée par la force, c’est-à-dire essayer toutes les combinaisons possibles de clé, en utilisant les moyens informatiques disponible à l’heure actuelle et dans un futur prévisible.

Que représente une puissance de chiffrement de 256 bits?

Le cryptage de 256 bits fait référence à la longueur de la clé de cryptage utilisée pour crypter un flux de données ou un fichier. Un pirate informatique aura besoin de 2256 combinaisons différentes pour briser un message chiffré de 256 bits, ce qui est virtuellement impossible à briser même par les ordinateurs les plus rapides. La vidéo suivante démontre bien l’ampleur de cette complexité :

 

 

Verdict :

Il est très improbable que l’État puisse stopper Bitcoin en s’attaquant à sa cryptographie.

À suivre…

 

Par : 

Jonathan Hamel
Fondateur, Académie Bitcoin

Twitter : @jhamel